Phœnix

Sous les nuages qui gênent la vue d’adulte,

L’enfant innocent erre, trottine, loin du tumulte.

Au creux de ses mains se love un foyer naissant,

Ses yeux guettent, fouillent ce qu’il pourra rendre flambant.

Dans le ciel perce une trouée : je lève la tête,

L’instinct prend, c’est l’élan, d’un bond l’envol, aimant,

Invincible je vis et je vibre, brasier ardent,

Voguer droit sur le soleil, dépasser la crête.

A l’approche de l’astre, au diable les brûlures,

Je me consume en serrant les dents, dans le dur,

Ne point baisser la tête par orgueil, perdre pied,

Ouvrir les yeux sur l’altitude hors-sol, tomber.

Je chute librement, et crève les nuages,

Enfin retoucher terre, corps brisé, cœur en cendres,

Ballotté par une mer d’émotions sans rivages,

Aveugle aux mains tendues, et aux visages tendres.

Une cloche d’or sonne, un grondement sourd s’élève,

Les marteaux de la volonté tintent en rythme,

Bientôt les braises rougeoient, de fines flammes crépitent,

Encore une fois. Le vent tombe, et je me relève.

Au loin le tumulte, l’orage, s’en sont allés,

Là l’adulte endurant chemine, l’amour aux doigts,

Il lève la tête : dans le ciel perce une trouée,

Ses yeux me sourient : « encore une fois », c’est tout moi.

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