Lecture érotique

Dans un coin de pénombre se niche la perle rare

Quelques lettres imprimées sur la largeur d’un pouce,

Me lancent une œillade, un simple titre en douce

Sur son bel habit cuir se rive mon regard

Époussetant les semblants d’un revers de la main,

Dénier la quatrième, qui jamais ne dit rien,

Ou bien pire parle trop, en goujat trop pressé,

Qui brûle les étapes sans laisser s’enticher

De l’index appuyé caresser la reliure,

D’un geste langoureux glisse la couverture,

Fine dentelle de peau sylvestre se donne,

Effleuré le grain de la plaine blanche ronronne

Les doux yeux explorent les arabesques des mots,

Arpentent de ces phrases la forme généreuse,

Sur une courbe, un creux, s’attarder aussitôt,

Là, s’abandonner à la volupté moelleuse

Par le récit muet tous les sens sublimés,

Drapée de torpeur, portée, conscience s’alite,

Suspense, grenat de lèvre d’ivoire mordillée,

Concéder un soupir, d’un doigt chercher la suite

Sous mes paumes insatiables, plus que tout fébrile,

La couverture se rapproche : la fin se profile

Calmer les ardeurs et savourer le plaisir,

Embrasser l’ultime phrase, imprimer le souvenir

Du conquis assouvi par l’étreinte, un sourire,

Pour sa chair de neige mouchetée, un regard,

Une dernière tendresse pour sa joue de cuir,

En silence : adieu ! Ou bien peut-être, au revoir…

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