Ecran total

Dès l’éveil le tout premier regard est pour lui,

Avant l’être aimé, la voûte céleste, la vie,

Ravi par la lampe, aspiré sans faire un vœu,

Si peu de soleil, déjà l’écran plein les yeux.

Echine courbée, à l’encolure huilée la laisse,

Le surfeur subit la vague qui seule décide,

Dans son crâne la boîte de Pandore vomit son vide,

Prémâchées, les colères, compassions, vertus naissent.

Gras, huileux, collant, l’écran sent bon le soleil,

Miroir, dis-moi que ma personne est la plus belle,

Laisse-moi me perdre dans le pays des merveilles,

Plus plaisantes les ombres portées que le réel.

Eteindre, et faire face à son reflet qui se meurt,

A la tendinite du pouce, dresse ton majeur,

Il est temps de toucher le vrai avec tes doigts,

Crève l’écran, cours, le mieux-monde est devant toi.

Hors du terrier oser suivre le lapin blanc,

Pour un teint plus hâlé, accepter de brûler,

Ici et maintenant, du réel s’enivrer,

Délaisser les bonbons et vivre à pleines dents.

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